Les bunkers de la position Gi 11 “Gleiwitz”

Découverte de la Position Gi 11 des bunkers ou blockhaus du Mur de l'Atlantique  à Saint-Palais-sur-Mer  en Charente-Maritime.

Dans le cadre de notre récent road trip culturel et sportif le long de la côte charentaise, nous avons eu l'opportunité de découvrir et d'explorer la position Gi 11 du célèbre Mur de l'Atlantique. Située à Saint-Palais-sur-Mer, cette position fortifiée témoigne de l'histoire tumultueuse de la région pendant la Seconde Guerre mondiale.

À travers un reportage photo immersif, nous avons capturé l'essence même de ces vestiges historiques. Des clichés saisissants révèlent les vestiges de bunkers et les autres structures défensives qui ont marqué le paysage côtier de la Charente-Maritime pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Plongez au cœur de l'histoire et de la mémoire collective alors que nous vous transportons dans un voyage visuel captivant, mettant en lumière les détails souvent méconnus de la position Gi 11. À travers nos objectifs, chaque cliché raconte une histoire, rappelant le courage et la résilience des hommes et des femmes qui ont vécu ces événements troublants.


Les bunkers de la position Gi 11 à Saint-Palais-sur-Mer-Plage de la Grande Côte

Un vestige du Mur de l’Atlantique en Charente-Maritime, entre dunes et marées

Une batterie côtière désormais sur la zone de balancement des marées en raison de l’érosion.

La position Gi 11 est l'une des nombreuses positions du mur de l’Atlantique construites pendant l'occupation allemande de la France. Située stratégiquement pour protéger la côte et contrôler l'accès maritime de l’estuaire de la Gironde, cette position comprenait des bunkers, des casemates et d'autres éléments défensifs conçus pour résister aux attaques alliées.

Ces bunkers n'avaient pas seulement un objectif offensif, mais servaient également de refuge pour les troupes allemandes présentes sur site.

Aujourd'hui, ces vestiges historiques nous offrent une fenêtre sur le passé, nous permettant de mieux comprendre les tactiques défensives et la vie quotidienne pendant le conflit.

Aujourd’hui encore, plusieurs bunkers et structures défensives y sont visibles, bien que certains soient partiellement ensevelis par les sables mouvants ou rongés par l’érosion marine.


Les casemates de tir type R669 : les canons de la Grande Côte

L’artillerie principale de la position Gi 11

Les deux casemates de tir de type R 669 étaient les pièces maîtresses de la défense. Conçues pour abriter des canons de campagne, elles permettaient de couvrir la plage d’un feu croisé, empêchant toute tentative de débarquement frontal.

Ces bunkers massifs étaient construits en béton armé et partiellement enterrés dans le relief dunaire pour les dissimuler. Aujourd’hui encore, on distingue l’embrasure de tir et l’entrée pour le personnel à l’arrière du blockhaus (photo ci-contre)

Le poste d’observation R 637 : surveiller l’horizon H24

L’œil de la position (avec sa salle d’observation équipée d’une fente pour observer a 180°)

Un poste d’observation, occupé par des officiers ou sous-officiers, permettait de repérer les navires ennemis au loin. Ce poste était équipé de jumelles goniométriques, un instrument de visée et de mesure angulaire servant à déterminer la direction et la distance des cibles.

Grâce à ces observations, les coordonnées étaient transmises aux canons pour ajuster le tir avec précision.

Les abris des soldats du Mur de l’Atlantique : trois bunkers R 621 et un R 502 encore visibles

Une grappe de bunkers pensée pour loger les garnisons de soldats sur place

Les trois R 621 : abris collectifs standardisés

Le R621 était conçu pour abriter un groupe de 10 soldats, avec :

Deux entrées débouchant sur un sas anti-gaz,

Une pièce centrale équipée d’une table, de couchettes, de rangements,

Un système de ventilation électrique ou manuel en cas de coupure.

Une liaison téléphonique ou radio,

Et un lavabo dans le sas pour l’hygiène et la décontamination.

Un tobrouk (emplacement pour mitrailleuse-lourde) incorporé au bunker pour en assurer la défense rapprochée de cette position du Mur de l’Atlantique à Saint-Palais-sur-Mer

Deux de ces bunkers R621 sont encore visibles dans la zone de balancement des marées, bien que partiellement ensablés selon les périodes. Leur implantation en bordure de plage assurait une proximité immédiate avec les positions de tir.

Un troisième R621, situé en pied de dune, est identifiable par un muret de briques en demi-cercle orienté au nord. Ce muret servait à protéger la sortie de secours et l’échelle d’accès, afin d’offrir un repli sécurisé en cas de destruction ou d’obstruction de l’entrée principale. Ce détail de maçonnerie, aussi discret que rare, illustre malheureusement le soin apporté à la durabilité fonctionnelle de ces structures.

C’est exactement le même concept pour l’ouvrage R 502 qui avait pour vocation d’abriter deux groupes de combat soit 20 soldats.

Les tobrouks (emplacement pour mitrailleuse)

Les Tobruks de la position Gi 11 : petits bunkers, grandes responsabilités

Sur la position G.I.11 de Saint-Palais-sur-Mer, nichés entre les bunkers plus imposants, on peut observer des structures bien plus modestes : les Tobruks ou tobrouks. À demi enterrés, de forme circulaire, ces petits postes passent souvent inaperçus… et pourtant, leur fonction était essentielle dans la défense rapprochée du littoral.

Sur le Mur de l’Atlantique à Saint-Palais-sur-Mer, les Tobruks sont de type de type Bf 58c, un modèle standardisé et très répandu sur l’ensemble du Mur de l’Atlantique.

Un soldat, une mitrailleuse, une vigilance de tous les instants

Un soldat, une mitrailleuse, une vigilance de tous les instants

Le Tobruk ou Ringstande, c’est l’exemple même de la fortification minimaliste mais efficace. Il n’est conçu que pour un seul soldat, qui y prenait place debout, le torse sortant par l’ouverture circulaire au sommet. Ce poste individuel permettait de tenir une position de tir avec une mitrailleuse lourde, le plus souvent une MG-34 ou une MG-42, couvrant un tir a 360° autour de lui.

C’est aussi un excellent poste d’observation, idéalement placé pour surveiller les abords immédiats des bunkers principaux ou les chemins d’accès à la plage. Concernant les équipements intérieurs rudimentaires, certains étaient équipés d’un mini poêle à charbon pour réchauffer leur occupant, ainsi qu’un drain qui permettait l’écoulement de l’eau de pluie.

Des Tobruks intégrés… mais indépendants!

Autre point intéressant : sur cette position, plusieurs bunkers pour le personnel (de type R501 ou R502, par exemple) comportent un Tobruk incorporé dans leur structure.

Cela veut dire qu’un puits de tir est moulé dans le béton du bunker lui-même, souvent en toiture ou en façade.

Mais attention : même s’ils semblent faire “corps” avec le bunker, les Tobruks ne communiquent jamais avec l’intérieur du bloc.

L’entrée du Tobruk est toujours indépendante : inutile d’espérer traverser le poste de combat pour rejoindre les pièces internes du bunker, cela n’a jamais été prévu dans les plans.

En revanche, le Tobruk reste accessible : vous pouvez généralement pénétrer dans son puits de tir, observer son organisation spartiate, et imaginer ce que devait être le quotidien du soldat qui y tenait sa position, souvent pendant de longues heures d’attente.

Tourelle ou pas tourelle ? Une confusion fréquente

Sur le terrain, nous entendons souvent dire que les Tobruks sont des “tourelles de tir”. C’est à moitié vrai, à moitié faux.

Dans la plupart des cas, il s’agit simplement d’un puits de tir circulaire avec une mitrailleuse montée sur affût. Mais, dans certains cas plus rares, les Allemands ont effectivement utilisé des tourelles de chars désaffectés (comme celles de Renault FT, de R35 ou de chars tchèques) posées au-dessus des Tobruk pour en faire de véritables tourelles fixes. Cette pratique, bien que marginale, reflète l’esprit du Mur de l’Atlantique : un système hétéroclite, construit dans l’urgence avec les moyens disponibles, souvent de récupération.

Cela explique que l’on puisse parfois voir des photos anciennes de Tobruk coiffés d’une tourelle… mais ce n’était pas la norme.

💧 Le bunker R 564 IB : une réserve d’eau douce pour tenir la ligne

Parmi les structures plus techniques de la position Gi 11 Gleiwitz, le bunker R 564 IB passe souvent inaperçu… et pourtant, c’est un maillon essentiel du système logistique allemand. Ce bunker n’abritait ni troupes, ni canons, ni munitions. Il servait à quelque chose de beaucoup plus vital : fournir de l’eau potable.

Un puits fortifié, des réservoirs intégrés

Le R564 IB est un bunker technique conçu pour abriter un puits, protégé des bombardements, des tirs et de l’infiltration salée. C’est ce qu’on appelle un puits fortifié, creusé directement dans le sol, à l’intérieur d’une chambre bétonnée, avec accès sécurisé.

Mais ce n’est pas tout. Le bunker intègre également deux réservoirs de stockage, permettant de conserver jusqu’à 20 m³ d’eau potable. Ces citernes, séparées physiquement de la pièce où se trouve le puits, permettaient une distribution rationnelle de l’eau, même en cas d’interruption d’alimentation directe.

Une logistique bien huilée… encore visible aujourd’hui

Ces réservoirs n’étaient pas là seulement pour les besoins internes du bunker. Grâce à un réseau de canalisations, parfois encore visible sur l’estran sous forme de tuyaux en béton ou en métal corrodé, l’eau pouvait être distribuée vers d’autres bunkers à proximité : postes de commandement, abris pour le personnel ou pour les besoins quotidiens des soldats.

On observe même parfois plusieurs points de raccordement, permettant de distribuer l’eau à différents ouvrages selon les besoins.

Un ouvrage discret mais stratégique

De l’extérieur, ce bunker ressemble à une construction secondaire, voire anodine. Il ne comporte pas d’embrasures de tir, ni de casemate défensive apparente. Pourtant, sans lui, la position entière aurait été dépendante de ravitaillements extérieurs.

Avec son puits sécurisé et ses réserves d’eau intégrées, le R 564 Ib permettait à la garnison de tenir en autonomie pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Un vestige qui résiste… parfois les pieds dans l’eau

Aujourd’hui, certains éléments de ce réseau sont encore partiellement visibles sur la plage, surtout à marée basse. Des sections de canalisation émergent du sable, comme des témoins silencieux de l’ingéniosité logistique allemande.

On comprend ainsi que le Mur de l’Atlantique n’était pas seulement une suite de bunkers armés : c’était aussi une organisation complète, pensée pour assurer la vie quotidienne et la survie du personnel, dans une logique de défense longue durée.

Nous vous souhaitons une belle découverte de ces vestiges, dans un cadre aussi riche que magnifique.

Bonne exploration des bunkers du Mur de l’Atlantique sur la plage de la Grande-Côte à Saint-Palais-sur-Mer, en Charente-Maritime !

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